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Émissions carbone des bâtiments : comment agir pour réduire l’impact environnemental ?

Un bâtiment neuf sur deux construit en France ne respecte pas totalement les performances énergétiques prévues par la réglementation. Dans certains cas, un immeuble rénové peut afficher une empreinte carbone supérieure à celle d’un bâtiment ancien, faute de choix adaptés en matière de matériaux ou de gestion de l’énergie.

Des leviers techniques et organisationnels existent pour réduire durablement les émissions de gaz à effet de serre du secteur. Leur efficacité dépend toutefois d’une application rigoureuse et d’une adaptation aux spécificités de chaque projet immobilier.

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Comprendre l’empreinte carbone des bâtiments : chiffres clés et enjeux actuels

La situation française surprend : près d’un quart des émissions nationales de gaz à effet de serre provient du secteur du bâtiment, à en croire l’Ademe. Juste derrière les transports, le secteur pèse lourd dans la balance environnementale. Impossible aujourd’hui d’ignorer le bilan carbone des bâtiments, que ce soit lors de la construction ou de la rénovation.

D’où viennent ces émissions ? Deux postes principaux se distinguent. D’abord, la consommation d’énergie nécessaire au confort des habitants et des salariés : le chauffage, en particulier, grève le bilan. Ensuite, l’empreinte des matériaux, depuis leur extraction jusqu’à leur arrivée sur chantier. Béton, acier, verre : leur fabrication et leur acheminement marquent l’addition. À l’échelle du pays, cela représente environ 75 millions de tonnes de CO₂ chaque année pour les bâtiments.

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Réduire cette empreinte carbone impose une transformation profonde. Il ne suffit plus d’améliorer les performances thermiques : il faut repenser la totalité du cycle de vie du bâtiment. Mesurer, ajuster, remettre en question chaque étape, de la conception jusqu’à la démolition, devient une nécessité.

Dans ce contexte, chaque acteur de l’immobilier doit composer avec des règles qui évoluent, des outils de mesure toujours plus précis et la pression d’investisseurs soucieux de l’impact environnemental de leurs placements. Le bilan carbone du secteur guide désormais les décisions, façonne de nouveaux modèles économiques et devient incontournable pour rester crédible face à l’exigence climatique.

Quelles sont les principales sources d’émissions dans le secteur du bâtiment ?

Examiner les émissions du secteur, c’est pointer deux coupables principaux, bien identifiés dans les analyses de l’Ademe. En tête : l’énergie consommée au quotidien pour faire tourner les bâtiments. Chauffage, climatisation, eau chaude, ventilation… Ces usages additionnés génèrent près de 75 % des émissions carbone du parc. Le choix énergétique, gaz, fioul, électricité fossile ou non, pèse lourd dans le bilan.

Vient ensuite la question des matériaux. Le béton, l’acier, l’aluminium ou le verre, de par leur production et leur transport, pèsent fortement dans la balance environnementale. On sous-estime souvent l’impact de la phase chantier : pour un immeuble neuf, la construction elle-même concentre parfois jusqu’à 60 % des émissions totales sur l’ensemble de sa vie.

Il ne faut pas négliger la dernière étape : la déconstruction, le transport et la gestion des déchets, qui continuent d’alimenter les émissions. S’ajoutent enfin les émissions liées à la maintenance et à l’usage des équipements, ou encore aux déplacements qu’impose le bâtiment au quotidien.

Pour y voir plus clair, voici les principales sources à prendre en compte :

  • Consommation énergétique au quotidien : usage et performance des équipements
  • Matériaux et procédés de construction : choix, fabrication, mise en œuvre
  • Gestion du cycle de vie : entretien, rénovation, fin de vie

Prendre en compte la pluralité de ces sources, c’est se donner les moyens d’agir efficacement sur l’ensemble du cycle de vie du bâtiment : c’est là que tout se joue désormais.

Des solutions concrètes pour réduire l’impact environnemental à chaque étape du cycle de vie

Améliorer la performance énergétique des bâtiments représente un levier direct et puissant. La rénovation thermique, par exemple, permet de transformer radicalement le bilan carbone d’un immeuble ou d’une maison individuelle. Isolation renforcée, remplacement des fenêtres, ventilation double flux : chaque geste compte pour limiter les pertes de chaleur et réduire la consommation. Selon l’Ademe, une rénovation bien menée peut diminuer les émissions de gaz à effet de serre de près de 60 % dans le parc existant.

Un autre axe fort concerne le choix des matériaux. Privilégier le réemploi, se tourner vers des filières courtes ou utiliser des matériaux biosourcés, bois, terre crue, béton bas carbone, permet d’alléger significativement l’empreinte carbone des projets. Les entreprises du bâtiment accélèrent sur l’écoconception : elles sélectionnent avec soin leurs matériaux et intègrent le recyclage dès la phase de conception.

La gestion du cycle de vie, elle, se prépare dès le chantier. Préférer des modes de construction industrialisés, qui génèrent moins de déchets, et anticiper les filières de valorisation pour la déconstruction deviennent des réflexes. La récupération et la réutilisation de matériaux issus de chantiers précédents progressent, soutenues par la réglementation et les attentes des donneurs d’ordre.

Enfin, l’usage d’outils de mesure adaptés change la donne. Analyse du cycle de vie, indicateurs précis, reporting : les solutions numériques permettent un suivi fin et une optimisation continue. Les gestionnaires de patrimoine, les opérateurs et les collectivités disposent ainsi de données fiables pour ajuster leurs actions et justifier leurs investissements.

bâtiments durables

Vers un bâtiment bas carbone : exemples inspirants et leviers d’action pour tous les acteurs

Sur le terrain, le changement est déjà palpable. Certains maîtres d’ouvrage misent sur l’analyse du cycle de vie (ACV) pour piloter leurs projets. À Bordeaux, la tour Hypérion, construite en bois massif, divise par deux son bilan carbone par rapport à une structure classique en béton. Ce type d’initiative se multiplie, porté par la RE2020 et les nouvelles exigences de la commande publique.

Les entreprises elles aussi s’adaptent. La réduction de l’empreinte carbone s’intègre désormais à leur stratégie : calcul du bilan carbone des bâtiments, choix de matériaux moins émetteurs, optimisation des consommations… Certains grands groupes du BTP passent à la préfabrication hors site, ce qui limite la production de déchets et réduit les transports.

Leviers et acteurs mobilisés

Plusieurs acteurs s’activent pour accélérer la transition. Les voici :

  • Les collectivités accélèrent sur la rénovation énergétique, soutenues par l’Ademe et la Bpi. Elles s’appuient sur des dispositifs de financement pour massifier les chantiers.
  • Les investisseurs exigent la transparence sur les émissions, incitant à des choix responsables dès la conception.
  • Les PME du bâtiment innovent : solutions de récupération de chaleur, valorisation des matériaux, applications de suivi de la performance environnementale.

La maîtrise des données s’impose. Le calcul du bilan carbone se généralise, les informations circulent entre les parties prenantes, rendant la traçabilité et l’optimisation des projets plus accessibles. Résultat : la décarbonation des bâtiments s’installe, concrète, mesurable, pilotée, et devient la nouvelle norme sur le marché.

Demain, chaque projet immobilier pourrait bien être jugé à l’aune de son empreinte carbone. Ceux qui auront pris ce virage auront une longueur d’avance, tandis que les autres risquent de rester sur le quai, à regarder passer les trains de la transition écologique.

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